Guiarte logo Guiarte.com

Brumes et rosées. Antoine Chintreuil

Bourg-en-Bresse, Rhône-Alpes, France

Cet été le Musée de Brou présente une exposition sur le peintre paysagiste Antoine Chintreuil (1814-1873) qui n’a pas fait l’objet d’exposition monographique depuis 1973. Grâce à une cinquantaine d’œuvres provenant essentiellement de collections publiques françaises (musée d’Orsay, musées des villes d’Arras, Dijon, Lille, Montpellier, Pont-de-Vaux, Troyes, Valence…), l’évolution du peintre sera retracée depuis les petites études de terrain sec et ocre à Igny jusqu’aux grands formats des années 1860-1873 où le paysage vaporeux se fait prétexte à la recherche de l’infini et sollicite l’imaginaire du spectateur.

Dans l’histoire du paysage du XIXe siècle, Antoine Chintreuil demeure une figure singulière. Le choix du titre de ses peintures (Les ruines au soleil couchant, Le soleil chasse le brouillard, Le lever de l’aurore après une nuit d’orage, Les vapeurs du soir, Brumes matinales) et l’attention portée aux effets atmosphériques résultant de l’apparition ou la disparition de la lumière du jour, témoignent de cette sensibilité qui amena son ami Champfleury, éminent critique artistique, à le nommer le peintre des "brumes et rosées".

Cet artiste né à Pont-de-Vaux dans l’Ain et encore largement méconnu, appartient à la génération d’artistes qui s’engage, entre 1840 et 1860, dans la voie ouverte par Corot pour représenter une nature baignée de vapeurs atmosphériques. Il peint en plein air des paysages imprégnés de douce mélancolie. Son œuvre se caractérise par une sensibilité proche de l’Ecole de Barbizon, inspirée des paysagistes hollandais du XVIIe siècle, et étape artistique essentielle avant l’impressionnisme.

Arrivé à Paris à 22 ans en 1838, Chintreuil est invité à faire partie, malgré son caractère introverti et réservé, au groupe des "Buveurs d’eau", qui rassemblait de très jeunes artistes bohèmes, écrivains, peintres, sculpteurs ou encore journalistes. Grâce à cette émulation fructueuse et à sa rencontre avec Corot en 1843, Chintreuil se lance dans la peinture et sur les conseils subtils et progressifs de ce premier, dans la peinture de paysage. Pendant cette première période, il esquisse ses paysages à Montmartre et dans les environs de Paris. Dans ses premières représentations, Chintreuil privilégie les terres ocre, les broussailles, les arbres se détachant sur des ciels gris orageux, et développe une technique sans empâtement où les plans et les éléments naturels sont simplifiés. Dès lors, il décide de peindre essentiellement sur le motif et d’en tirer les sujets de ses tableaux.

En 1850, il part à Igny (Essonne) où il retrouve des artistes tels Camille Corot ou Odilon Redon. Chintreuil rencontre alors Daubigny avec lequel il partage une conception similaire d’appréhender le sujet et de décliner les effets lumineux, conception pouvant être qualifiée de "pré-impressionniste". Son goût pour les verts tendres et veloutés, les gris délicats et les bleus célestes se révèle alors. Dans la vallée de la Bièvre, Chintreuil peint de longues heures à l’orée du jour ou de la nuit, dans les prés humides où il capte la lumière de ces instants précieux. Il effectue également des séjours sur la Manche d’où il ramène quelques marines.

Malgré les premiers succès au Salon de 1850, et les expositions successives en France les années suivantes, c’est en 1863 que se produit un changement dans sa carrière. Ses œuvres sont en effet refusées par le jury du Salon de cette année-là, tout comme celles de nombreux artistes. Il prend alors la tête du comité des refusés et fait créer un salon parallèle où il expose aux côtés de Corot, Manet, Cézanne et Pissarro. Les nombreuses critiques qui en découlent permettent de valoriser le travail de ces artistes.

D’un point de vue pictural, Chintreuil prend alors beaucoup plus d’assurance que précédemment, ses formats augmentent, sa technique se fait plus large et plus libre, sa maîtrise de la représentation de la nature est plus importante. Sa gamme de couleurs s’étend et s’intensifie, devient plus audacieuse (Le soleil chasse le brouillard), notamment pour l’étude des couchers de soleil dont il cherche à découvrir toutes les nuances (Les vapeurs du soir). L’étendue, l’espace, deviennent des motifs de prédilection, comme dans Pluie et soleil, souvenir des plaines de l’Artois. Il affirme également sa volonté de rendre la vibration de la nature et ses atmosphères vaporeuses.

Finalement, Chintreuil s’éloigne peu à peu du naturalisme et révèle une sensibilité picturale préparant à l’impressionnisme et au symbolisme. Chintreuil a refusé le côté pittoresque ou anecdotique du sujet paysagé, il n’a pas imité ou pastiché l’œuvre de Corot, mais a su dépasser son esthétique et entreprendre une démarche personnelle pour appréhender la relation entre la nature et la peinture. L’héritage du maître se ressent par contre dans la recherche d’un équilibre et d’un certain réalisme, décrivant la nature pour elle-même, et dans un lyrisme profond et original.

Informations pratiques

Lieu

Musée de Brou, Monastère royal de Brou, 63 bd de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse tel : 04.74.22.83.83 - fax : 04.74.24.76.70 - email : brou@monuments-france.fr

Dates 21 juin - 22 septembre 2002

Commissaire de l’exposition

Sylvie Carlier

Brumes et rosées. Antoine Chintreuil
© Guiarte.com tiene el Copyright de sus colaboradores - Todos los derechos reservados
Guiarte.com | Quienes somos | Datos legales